Notre avis

Euclid : the game ne tourne pas autour du pot. Pas de jolie interface colorée, pas de petite musique d'accompagnement, rien : une fenêtre blanche surmontée de quelques icônes est le terrain de jeu, que l'on pourrait qualifier d'austère au premier abord, et un défi à réaliser en guise de titre en haut de la page.

Le déroulé est simple : le jeu propose des défis consistant à tracer une figure précise répondant à certains critères. Ces défis vont crescendo dans la difficulté ; ainsi, si le premier défi demande au joueur de construire un triangle équilatéral avec un simple compas à partir d'un segment, les suivants demanderont un peu de réflexion, afin par exemple de reporter des angles ou des segments sur des droites afin de construire la figure demandée. Pour cela, différents outils sont à la disposition du joueur, permettant de tracer des cercles, des droites, de placer des points. Et au cours de l'avancée dans le jeu, on débloque des outils automatisant certains tracés comme les droites perpendiculaires, qui évite de tracer moult cercles ou segments dans la fenêtre de jeu. Au fur et à mesure que l'on avance dans les défis, on s'aperçoit que l'austérité visuelle du jeu est en fait bienvenue : la clarté et la précision n'en sont que meilleurs, ce qui est un vrai plus en géométrie, d'autant que le jeu est assez exigeant et ne supporte pas l'a peu près dans les tracés.

On a donc a faire avec un vrai jeu de géométrie pure et dure. Le concept est fort, mais une question reste en suspens : le plaisir de jouer est-il au rendez-vous ? Après tout, à première vue, les défis proposés ne sont que des exercices de géométrie tels que ceux que tout élève de collège fait en cours ; et l'interface austère participe à la mauvaise première impression que l'on peut se faire. Pourtant, la magie opère rapidement : on se prend vite au jeu, et on enchaîne les défis sans voir le temps passer. La grande force de Euclid : the game réside dans le caractère intuitif que prend la résolution des défis : en effet, le jeu ne donne pas de notion, pas d'explication, pas de théorèmes ; au joueur d'essayer, de tâtonner et d'expérimenter pour trouver la solution. Cette démarche expérimentale qui oblige à se creuser les méninges rend immédiatement le jeu passionnant. Eh oui, les maths, ça peut être amusant ! Alors, c'est sûr, point d'enrobage coloré, pas de prétexte scénaristique pour camoufler le fait que l'on fait de la géométrie ; mais on a là un vrai casse-tête très prenant, accessible et astucieux.

Hormis l'aspect un peu austère qui s'efface vite devant la profondeur du concept, l'amateur de défi trouvera peut-être frustrant le fait que le jeu est finalement assez court. Une vingtaine de défis en tout ; si les neurones de ceux pour qui la géométrie est un lointain souvenir auront à travailler un peu, seuls les deux-trois derniers défis tiendront un peu du challenge pour qui est un habitué des divers théorèmes mis en œuvre ici. Mais le jeu est encore en développement, ce qui laisse espérer l'implémentation de nouveaux niveaux plus tard. En attendant, peut-être que ce jeu réconciliera avec les maths les allergiques aux compas...